Dès le début des années 30, les États-Unis doivent essuyer un crise économique et financière après le krach boursier de Wall Street à New York, le fameux jeudi 24 octobre 1929 (aussi appelé Jeudi Noir).
On estime le nombre de chômeurs à cinq millions. L’Amérique tente alors de lutter contre l'air morose et le désespoir ambiant.
On estime le nombre de chômeurs à cinq millions. L’Amérique tente alors de lutter contre l'air morose et le désespoir ambiant.
Pendant ce temps, à Hollywood, l'industrie du cinéma met en marche la révolution du cinéma parlant.
Les studios et les propriétaires de cinéma dépensent des fortunes pour s'équiper de toute la technologie nécessaire pour passer de l'ère du cinéma muet à celle du parlant.
Les studios et les propriétaires de cinéma dépensent des fortunes pour s'équiper de toute la technologie nécessaire pour passer de l'ère du cinéma muet à celle du parlant.
Devant des menaces de censures gouvernementales toujours plus pressantes, les studios décident de passer à la vitesse supérieure.
En effet, Irving Thalberg, responsable de la partie Production à la MGM* (Metro-Goldwyn-Mayer) demande alors à Hays la rédaction d'un nouveau code. Ce sont en fait Martin Quigley, éditeur catholique du Motion Picture Herald et le père Daniel Lord, prêtre jésuite et consultant à Hollywood, qui rédigent "Le Code de réalisation des films parlants, synchronisés et muets" et le proposent à Hays, qui l'adopte tout de suite.
En effet, Irving Thalberg, responsable de la partie Production à la MGM* (Metro-Goldwyn-Mayer) demande alors à Hays la rédaction d'un nouveau code. Ce sont en fait Martin Quigley, éditeur catholique du Motion Picture Herald et le père Daniel Lord, prêtre jésuite et consultant à Hollywood, qui rédigent "Le Code de réalisation des films parlants, synchronisés et muets" et le proposent à Hays, qui l'adopte tout de suite.
1. La dictature du code
Le Code Hays, de son titre original "A Code To Goven The Making Of Motion Pictures" (Un code pour gouverner la fabrication de films) consiste à "instaurer une éthique" en commandant la production de films parlants et muets. Il est rédigé en 1927, réellement appliqué en 1934 puis aboli en 1967.
Principes Généraux:
1. Aucun film ne sera produit qui baissera les standards moraux de ceux qui le voient. La sympathie du spectateur ne doit jamais être jetée du côté du crime, des méfaits, du mal ou du péché.
2. Seuls des standards corrects de vie soumis aux exigences du drame et du divertissement seront présentés.
3. La Loi, naturelle ou humaine, ne sera pas ridiculisée et aucune sympathie ne sera accordée à ceux qui la violent.
Applications particulières:
I. Crimes
Ceux-ci ne seront jamais présentés de façon à créer la sympathie avec le criminel ou inspirer d'autres avec un désir d'imitation.
1. Meurtre
a. La technique du meurtre doit être présentée de manière à ne pas encourager l'imitation.
b. Des meurtres brutaux ne doivent pas être présentés en détail.
c. La vengeance n'est pas justifiée dans un film où l'action se passe dans l'époque actuelle.
2. Les méthodes criminelles ne doivent pas être explicitement présentées.
a. Les techniques pour le vol, le cambriolage et le dynamitage de trains, de mines, de bâtiments, etc., ne doivent pas être présentées en détail.
b. L'incendie criminel doit être soumis aux mêmes sauvegardes.
c. L'utilisation d'armes à feu doit être limitée.
d. Les méthodes utilisées dans la contrebande ne doivent pas être présentées.
3. Le trafic de la drogue ne doit jamais être présenté.
4. On ne montrera pas la consommation de spiritueux dans la vie américaine, sauf dans les cas où cela fait partie intégrante du scénario ou des caractéristiques d'un personnage.
II. Sexe
L'institution du mariage et l'importance de la famille sont primordiales.
1. L'adultère, parfois nécessaire dans le contexte narratif d'un film, ne doit pas être présenté explicitement, ou justifié, ou présenté d'une manière attrayante.
2. Les scènes de passion :
a. Elles ne doivent pas être présentées sauf s'ils sont essentielles au scénario ;
b. Des baisers excessifs ou lascifs, des caresses sensuelles, des positions et des gestes suggestifs ne doivent pas être montrés
3. Séduction et viol :
a. La suggestion est permise (rien de plus) et seulement lorsqu'il s'agit d'un élément essentiel du scénario
b. Ils ne sont jamais un sujet approprié pour la comédie.
4. Toute référence à la perversion sexuelle est formellement interdite.
5. L'esclavage de personnes de race blanche ne doit pas être présenté.
6. La présentation de rapports sexuels entre les personnes de race blanche et celles de race noire est interdite.
7. L'hygiène sexuelle et les maladies vénériennes ne sont pas des sujets appropriés au cinéma.
8. La naissance d'un enfant (même en silhouette) ne doit jamais être présentée.
9. Les organes sexuels d'un enfant ne doivent jamais être visibles à l'écran.
III. Grossièreté
La présentation de sujets vulgaires, répugnants et désagréables doit être soumise au respect des sensibilités des spectateurs et aux préceptes du bon goût en général.
IV. Obscénité
L'obscénité dans le mot, dans le geste, dans la chanson, dans la plaisanterie, ou même simplement suggérée est interdite.
V. Blasphème
Le blasphème (incluant les mots « God », « Lord », « Jesus », « Christ », « Hell », « S.O.B », « damn », « Gawd ») est strictement interdit.
VI. Costume
1. La nudité (réelle ou suggérée) est interdite ainsi que les commentaires d'un personnage à ce sujet (allusions à...).
2. Les scènes de déshabillage sont à éviter sauf lorsqu'il s'agit d'un élément essentiel du scénario.
3. L'indécence est interdite.
4. Les danses lascives et les costumes trop révélateurs sont interdits.
VII. Danses
1. Les danses qui suggèrent ou représentent des relations sexuelles sont interdites.
2. Les danses qui comportent des mouvements indécents doivent être considérées comme obscènes.
VIII. Religion
1. Aucun film ne doit se moquer de la religion sous toutes ses formes et de toutes les croyances.
2. Les ministres ne peuvent pas être dépeints comme des personnages comiques ou comme des bandits.
3. Les cérémonies de n'importe quelle religion définie doivent être présentées avec beaucoup de respect.
IX. Emplacements
La présentation de chambres à coucher doit être dirigée par le bon goût et la délicatesse.
X. Fierté nationale
1. La présentation du drapeau se fera toujours de manière respectueuse.
2. L'histoire des institutions, des gens connus et de la population en général d'autres nations sera présentée avec impartialité.
XI. Titres
Des titres licencieux, indécents ou obscènes ne seront pas employés.
XII. Sujets Répugnants
Les sujets suivants doivent être traités avec beaucoup de prudence et de bon goût :
1. Les pendaisons et les électrocutions légales (punition d'un criminel).
2. La brutalité et l'horreur.
3. Le tatouage (marquer au fer) d'animaux et d'êtres humains.
4. La cruauté envers les enfants ou les animaux.
5. La vente des femmes et la prostitution.
6. Les opérations chirurgicales.
2. Un code contourné par les réalisateurs
Hollywood apprit alors à écrire entre les lignes, et une partie du public à déchiffrer le message.
Dès le début de son application, le code va être défié par des réalisateurs qui ne comptent absolument pas laisser leur imagination ainsi bridée. Au contraire, cet obstacle leur donne matière à transgresser, exacerbant leur créativité.
Norma Shearer dans The Divorcee |
Alors que le code venait juste d'être mis en place, la MGM* produit The Divorcee (La Divorcée), réalisé par Robert Z. Leonard, avec Norma Shaer.
Dans ce film, Leonard
bafoue explicitement le passage du code
"L'adultère, parfois nécessaire dans le contexte narratif d'un film, ne
doit pas être présentée explicitement, ou justifiée,
ou présentée d'une manière attrayante".
Shearer y joue le rôle d'une femme qui, pour se venger de son mari infidèle, a une relation avec son meilleur ami. Suite à son divorce, elle va mener une vie de plaisir, entretenant diverses aventures successives.
Finalement, elle retournera avec son mari, sans avoir été punie des ses actes, comme l'auraient voulu les moralistes bien pensants du comité de Hays.
Dans le monologue de Jerry, le personnage de Norma Shearer, on retrouve tout ce qui pourrait faire hurler un fervent chrétien, comme la volonté d'une femme divorcée de mener une vie libertine. Les valeurs du mariage y sont bien sur complètement reniées.
Jerry: “Et je croyais que ton cœur se briserait comme le mien... Mais au lieu de cela, tu me dis que ta fierté d'homme ne peut pas supporter la tromperie... Je suis heureuse d'avoir découvert qu'il y aie des hommes dans ce monde qui me veulent pendant que je suis encore jeune. Crois moi,je ne manquerai plus rien à partir de maintenant. Femme de mauvaise vie, géniale mais pas dans la maison, hein, Ted? Plus elles sont pouffiasses , plus elles y gagnent. Elles sont les meilleures du monde, sans aucune responsabilité. Eh bien , mon cher, je vais découvrir comment elles le font. Va voir ailleurs si j'y suis et remballe ta fierté d'homme avec tout le reste. Et à partir de maintenant tu seras le seul homme pour lequel ma porte sera fermée ”
Le plus étrange dans cette histoire, c'est que Irving Thalberg, le producteur de La Divorcée, est pourtant également l'un des acteurs importants de la mise en place du code.
Ce film montra que malgré la censure, le sexe restait toujours le premier sujet des films à Hollywood.
Au début de l'instauration du Code, celui-ci n'avait donc pratiquement aucune influence. Les réalisateurs pouvaient largement le transgresser, sans aucune remontrance.
Mais cette liberté ne dura pas: en effet en 1934, Joseph Breen est engagé comme censeur à la MPPDA*. Son intervention permit au Code Hays d'être appliqué à la lettre. Il prit tellement d'importance au comité de censure qu'il pouvait couper n'importe quelle scène qu'il jugeait "offensive".
A partir ce moment-là, il fut impossible pour les réalisateurs de montrer une vérité crue à l'écran. Ils durent trouver des moyens pour contourner le Code afin de faire comprendre au public ce qu'ils voulaient vraiment montrer. Ils finirent par s'amuser à le détourner, renouvelant toujours d'idées pour sous entendre les sujets interdits.
Le meilleur à ce jeu était bien sûr Alfred Hitchcock* qui passa sa carrière à jouer avec le code. On peut citer de nombreux exemples de ses ruses. Chacun de ses films essayait d’une manière ou d’une autre de traiter de thèmes interdits.
C’est ainsi qu’il sous entend une relation homosexuelle dans La Corde*, film se passant dans un appartement loué en colocation par les deux héros. Hitchcock n’a construit dans son décor qu’une seule chambre à coucher, libre à chacun d’imaginer ce qu’il se passe dans cette pièce.
Le code interdisait les baisers de plus de trois secondes. Dans Les Enchaînés*, il filme une scène de baiser de trois minutes entre Ingrid Bergman et Cary Grant . Celle-ci est composée de baisers successifs de trois secondes entrecoupés par un dialogue complètement hors de propos.
Dans le train à la fin de La mort aux trousses*, le même Cary Grant tend la main à Eva Mary Saint pour l’amener sur sa couchette. Au moment où l’héroïne arrive sur le lit, la séquence coupe et nous voyons le train pénétrer dans un tunnel. Cette très célèbre métaphore deviendra le symbole même du détournement du Code.
D'après Bill Krohn (éminent critique de cinéma), devant l'insistance des producteurs à mettre dans la bouche de Cary Grant / Thornhill une réplique indiquant qu'il allait épouser Eva Marie Saint (Come on, Mrs Thornhill !), Hitchcock, légèrement irrité par ce respect des convenances, décida d'introduire ce plan symbolique — le seul de sa carrière, avoua-t-il à François Truffaut.
Au sein d’une période aussi puritaine et bridée au niveau de la liberté d’expression, le cinéaste a néanmoins réussi à se livrer à une analyse des perversions sexuelles tout au long de sa carrière. Que cela soit dans son évocation du voyeurisme dans Roar Window*(Fenêtre sur cour)* ou de la nécrophilie dans Vertigo (sueurs froides)*, Hitchcock a toujours réussi à passer au-delà du code, en prenant de plus en plus de libertés au fur et à mesure de sa carrière. Le summum étant bien sûr Psycho*(Psychose), dans lequel il fit voler en éclats un code de plus en plus contesté.
D'après Bill Krohn (éminent critique de cinéma), devant l'insistance des producteurs à mettre dans la bouche de Cary Grant / Thornhill une réplique indiquant qu'il allait épouser Eva Marie Saint (Come on, Mrs Thornhill !), Hitchcock, légèrement irrité par ce respect des convenances, décida d'introduire ce plan symbolique — le seul de sa carrière, avoua-t-il à François Truffaut.
Au sein d’une période aussi puritaine et bridée au niveau de la liberté d’expression, le cinéaste a néanmoins réussi à se livrer à une analyse des perversions sexuelles tout au long de sa carrière. Que cela soit dans son évocation du voyeurisme dans Roar Window*(Fenêtre sur cour)* ou de la nécrophilie dans Vertigo (sueurs froides)*, Hitchcock a toujours réussi à passer au-delà du code, en prenant de plus en plus de libertés au fur et à mesure de sa carrière. Le summum étant bien sûr Psycho*(Psychose), dans lequel il fit voler en éclats un code de plus en plus contesté.
Il nous révèle notamment à ce moment une scène qui allait rester parmi les plus mythiques de l’histoire du cinéma : La scène de la douche.
Ici le personnage de Marion Crane, joué par l’actrice Janet Leigh*, meurt de plusieurs coups de couteaux rageurs. Plus de soixante-dix plans qui s’enchainent en quarante-cinq secondes, chaque plan donnant au spectateur l’illusion d’un coup de plus, assené avec toujours plus de hargne. Les sons stridents des violons de Bernard Hermann* se mêlent aux cris de Janet Leigh, menant l’horreur de la violence à son paroxysme.
Une scène légendaire dans laquelle Hitchcock a créé l’illusion parfaite, car elle montre finalement peu de choses: aucune image ne montre la pénétration du couteau dans le corps de Marion. Pourtant, la scène est d’une rare violence.
« La construction de cette scène est très ingénieuse. Car à partir de là, Hitchcock réussit à mettre en scène non plus ce que le spectateur voit réellement, mais ce qu'il croit voir. Il signe ce coup de maître grâce au montage et le public, pris dans l'action se laisse emporter. Chaque coupure est comme un coup de couteau. Le public se prend à croire, finalement, qu'il s'agit d'un coup de couteau, quand ce n'est qu'une coupure. Le mot coupure est d'ailleurs bien choisi, il correspond aux coups de couteau. »
— Janet Leigh, "The Making of 'Psycho"
En effet, afin de pouvoir faire passer un film qu’il savait trop violent pour la censure, Hitchcock décida de tourner son film en noir et blanc, chose qu’il ne faisait plus que rarement depuis son premier film en couleur en 1948. Il savait que la vue du sang rouge s’écoulant sur la pellicule donnerait des nausées aux censeurs (c’est d’ailleurs en réalité du coulis de chocolat qui fut utilisé pour simuler le sang de Marion Crane).
Ici, Hitchcock créé non seulement l’illusion de la violence, mais également celle de la nudité : une femme est assassinée nue sous sa douche, et pourtant à aucun moment son corps n’est entièrement dévoilé.
Le virtuose réalisateur savait combien le comité de censure attachait une grande importance à la nudité.
D'ailleurs, avant que le film ne soit soumis au Code Hays, Hitchcock demanda à Luigi Luraschi, intermédiaire entre le studio et les censeurs, de regarder le film pour déceler les problèmes. Immédiatement après le premier montage, une projection fut organisée avec Hitchcock, Luraschi, George Tomasini, le monteur, son assistant et Peggy Robertson, dans la salle de projection d’Universal Pictures*.
« Dès le début, Luigi s’est mis à rire en voyant Hitchcock qui apparaît au tout début du film. Puis nous avons continué jusqu’à la séquence de la douche. Nous regardions tous placidement, et là Luigi a crié : « Arrêtez ! Mon Dieu ! » Et Hitchcock a répondu :
— Qu’y a-t-il, Luigi ?Nous en avons parlé… Et non. Nous lui avons expliqué qu’il n’avait pas vu de sein, que cette scène était un vrai petit bijou, et Luigi l’a emmené au bureau de la censure. Et oui, nous avons eu des problèmes. Ils n’ont pas apprécié de voir Janet en sous-vêtements en plus d’autres détails que nous avons arrangés par la suite. »
— J’ai aperçu un sein.
— Non, c’est vous qui avez dû l’imaginer.
— Bon, repassons la scène.
Nous la repassons.
— Eh bien Lugi, avez-vous vu un sein ?
— Non, mais on va avoir des problèmes avec cette scène.
— Peggy Robertson, "The Making of 'Psycho'"
Bien sûr Hitchcock n’était pas le seul à remettre en cause ces règles stupides.
Loin d’avoir bridé la créativité, ces règles ont stimulé toute une génération de cinéastes qui avaient là matière à transgresser.
Ainsi, d'autres réalisateurs ont également pris un malin plaisir à torturer la morale bien pensante:
Gilda, film noir de Vidor, nous révèle une incarnation de la femme fatale et de son extraordinaire fascination érotique, où Rita Hayworth atteint son apogée. Dans une scène, devenue morceau d’anthologie, Gilda, vêtue d’un fourreau noir retire ses longs gants en chantant l’incendiaire chanson « Put the blame on Mame », elle entrera à jamais dans la légende et ce « strip-tease » suggéré, sera un des sommets de l’érotisme au cinéma. Avec ce film, Rita Hayworth entre dans la légende cinématographique.
Billy Wilder va quant à lui traiter deux sujets totalement interdits par le Code: L'alcoolisme dans Le Poison et l'adultère dans 7 ans de reflexion.
Lorsque Wilder réalise en 1945 Le Poison*, c'est la première fois que le sujet tabou de l’alcoolisme est abordé à l'écran.
Puis il provoque une nouvelle fois le Code en 1955, en réalisant 7 ans de réflexion, adaptation de la sulfureuse pièce de Broadway qui traite d'adultère, sujet précisement interdit par Hays.
La production a beau avoir coupé quelques scènes, l'histoire est toujours bien là, en filigrane, et la célèbre scène où la ventilation d'une grille de métro soulève la robe immaculée de la pulpeuse Marilyn est désormais cultissime.
Lorsque Wilder réalise en 1945 Le Poison*, c'est la première fois que le sujet tabou de l’alcoolisme est abordé à l'écran.
Défiant la censure, Wilder nous plonge l'univers de l'écrivain raté, prisonnier du cercle vicieux de la dépendance, dans un film terriblement efficace, où le spectateur s'identifie à Birnam au point de mesurer pleinement sa difficulté de trouver une issue.
D'ailleurs, une compagnie d'alcools avait tenté d'acheté le film à sa sortie pour le détruire...
Puis il provoque une nouvelle fois le Code en 1955, en réalisant 7 ans de réflexion, adaptation de la sulfureuse pièce de Broadway qui traite d'adultère, sujet précisement interdit par Hays.
La production a beau avoir coupé quelques scènes, l'histoire est toujours bien là, en filigrane, et la célèbre scène où la ventilation d'une grille de métro soulève la robe immaculée de la pulpeuse Marilyn est désormais cultissime.
Otto Preminger* aussi bafoue directement les règles, notamment avec les deux films La lune était Bleue* et L’homme au bras d'or*.
Il réalisa La lune était bleue (The moon is blue) en 1953.
L'originalité du film tient dans ses dialogues qui se présentent comme une rare provocation au Code Hays. Preminger, réputé pour sa volonté de fer, refusait de se soustraire à ce règlement et décida de reprendre les dialogues de la pièce sans la moindre coupe. Le film fut alors présenté aux membres de la ligue de décence qui s’offusquèrent lorsque la petite Patty O’Neill avoue sa "virginité" ou dit rêver d’être la "maîtresse" d’un homme bien installé (c'était la première fois que dans un film étaient prononçés ces mots, provoquant ainsi directement le Code!). La réaction des censeurs fut immédiate : le film n’aura pas son visa. Preminger, juriste de formation, intenta immédiatement un procès à la ligue arguant que son film n’est pas de ‘mauvais goût’. Il obtint finalement gain de cause, et la victoire de Preminger fut double : non seulement il est autorisé à distribuer son film aux USA, mais l’affaire fit un tel tollé que le film remporta un immense succès public. La critique fut également excellente et La lune était bleue décrocha le Golden Globe du meilleur acteur de comédie pour David Niven ainsi que plusieurs nominations aux Oscars dont celles du montage et de la meilleure actrice pour Maggie McNamara. Cependant, il fallut quelques années avant que la projection de La lune était bleue soit autorisée dans certains états comme le Maryland et à Boston (Massachusetts) où il fut longtemps interdit car qualifié de "sexuellement explicite".
Deux ans plus tard, le même Otto Preminger lance une nouvelle attaque au Code en réalisant L'homme au bras d'or*. Cette fois, ce fut le premier film à parler ouvertement de drogue. A cause de la censure hollywoodienne, il était bien entendu impossible d'employer le terme "drogué" à l'écran. Lorsque Preminger s’attela à ce film, la MPAA, chargée de veiller à l'application du code Hays, refusa encore une fois de lui donner un visa car son héros est un junkie, qui est par ailleurs joué par Frank Sinatra (encore une première dans le cinéma américain). Le film sera finalement distribué par United Artists malgré cet avis défavorable.
Après toutes ces attaques, le code finira par baisser les armes, voyant peu à peu son influence décroître et disparaîtra à la fin des années 60.
> C o d e