Post Code

affiche publicitaire pour
une voiture Ford

1. La fin du code


Avec l'arrivée de l'"American way of life", de la propagande de l'Etat et de la publicité des grandes firmes automobiles comme Ford, les américains achètent plus de voitures et s’installent plus loin des villes, dans des banlieues résidentielles. Les cinémas, qui étaient concentrés en ville, virent soudain leur fréquentation en baisse.

Cette fréquentation va par la suite complètement chuter, avec l'invention du poste de télévision et son entrée dans les foyers américains.
Mais les images montrées à la télévision sont très contrôlées car un nombre important de personnes peuvent les voir quotidiennement, notamment les enfants. Si ce nouveau produit venait à choquer, il pourrait être boycotté, ce qu'il faut absolument éviter. La télévision est donc un média édulcoré.
Afin d'augmenter la fréquentation des salles de cinéma, les studios décident donc de projeter dans les salles obscures ce qu’on ne voit pas à la télévision.  L'assouplissement de la censure peut être expliqué de diverses manières:
  1.  Une Banalisation de l'image: On peut remarquer que le code s’est imposé dans une industrie du cinéma encore jeune. On n'était pas encore habitué à ce style de spectacle et on craignait son influence sur la population. Mais dans les années 50, le cinéma s’est démocratisé et devenu un divertissement des plus commun: voir des images est devenu banal, encore plus depuis l'arrivée de la télévision.
  2. Les Trente Glorieuses: Ici nous parlons de la période d'après-guerre. L'économie américaine est en plein essor, les mœurs s’assouplissent et laissent la société évoluer pour qu'elle devienne une société de consommation. Les gens sont donc prêts à regarder les images qu’on leur montre sans réellement montrer d'opposition. Le niveau de vie augmentant, ils ont également plus de temps pour les loisirs et la culture, leur esprit s'ouvre et leur mentalité change.
  3. La génération Elvis :  Le code est malmené par les auteurs et dénoncé par une nouvelle génération qui, influencée par le rock n’roll, rejette la bonne société américaine.                                                                          
  4. La fin du maccarthysme: Nous sommes également dans une période de Guerre Froide où le maccarthysme commence à disparaître. Aussi appelée la "Peur Rouge", c'était une traque aux communistes similaire à une chasse aux sorcières. Dans ce climat anti-communiste dû à la Guerre Froide, une commission présidée par le sénateur MacCarthy traquait les éventuels militants, sympathisants ou agents communistes. De nombreux auteurs, scénaristes ou encore réalisateurs ont été faussement soupçonnés, par cette commission, d'être des communistes.
Jack Valenti
Petit à petit, les films sont de plus en plus osés, en particulier concernant le sexe.
Le code meurt donc à petit feu durant la fin des années 50 jusque dans les années 60. Il sera définitivement abandonné en 1966 quand Jack Valenti prendra la place de président de la MPAA. La mort du code Hays fait place au Nouvel Hollywood des années 70, où le cinéma américain peut s'épanouir pleinement.


2. Un nouveau système de classification des films

Mais attention, la liberté n'a pas pour autant vaincu la censure puritaine. En effet, un nouveau système de classification des films voit le jour en 1968, immédiatement après l’abandon du code. La MPAA, dirigé par Jack Valenti, et la NATO ont d'un commun d'accord créé la CARA (The Classification And Rating Administration) et les films sont désormais classés selon leurs contenus par un nouveau comité de classification. Ces gradations visent à guider les gens et plus particulièrement les parents sur ce qu'ils veulent ou ne veulent pas ce que leur enfants voient. Sur les affiches de film se trouveront différents sigles, qui montrent à quel public les films sont destinés. Avant même d'être entré dans la salle, le public est averti sur ce qu'il va trouver dans le film (injure , violence, drogue, sexe...).  


logo de la Motion Picture Association of America
Cinq gradations existent alors pour permettre d'éviter une censure de film. On ne coupe désormais plus les scènes jugées inappropriées, mais on prévient le spectateur de ce qu'il s’apprête à voir.



  • "Rated G" (General) - Tous publics.
  • "Rated M" (Mature)  - certaines scènes sont inappropriées pour les enfants. L'accord parental est donc "fortement recommandé".
  • "Rated R" (Restricted) -  Les mineurs ayant moins de 17 (à l'origine 16) doivent être accompagnés par un adulte. Certains cinémas spécifiaient que l'accompagnateur devait avoir au moins 21 ans (la majorité américaine change selon les états mais 21 ans est l'âge égal pour pouvoir boire de l'alcool et jouer aux jeux d'argent )
  •  "Rated X" - les mineurs de moins de 17 ans ne sont pas admis dans la salle.








Mais beaucoup de parents confondaient les sigles "Rated M" et les films "Rated R". En effet, ils pensaient que les films "Rated R" avaient un contenu plus approprié pour les mineurs que les films" Rated M"... C'est pourquoi en 1969 "Rated M" fut substitué par "Rated GP" (contains material not generally suitable for pre-teenagers: certaines scènes ne sont pas appropriées pour des pré-adolescents) puis en "Rated PG  "(Parental Guidance: accord parental conseillé) en 1970.

En 1984 , la violence et le gore des films Indiana Jones et le Temple maudit et Gremlins de Steven Spielberg provoquent la colère des parents qui trouvent la cote PG inappropriée. Suite à ces plaintes, Spielberg lui-même va proposer une nouvelle note au directeur de la MPAA, toujours Jack Valenti, pour les films trop "adultes" pour être classés PG mais pas assez pour être évalués R. Spielberg suggéra une mention PG-13 ou PG-14. Ce sont par la suite la MPAA avec à sa tête Valenti et la NATO (National Association of Theatre Owners), l'association des propriétaires de cinéma, qui décidèrent d'introduire le 1er juillet 1984, la qualification PG

Le 27 septembre 1990, la notation "X" fut changée en NC-17 (aucun enfant de moins de 17 ans admis) car trop souvent reprise par l'industrie pornographique qui mentionnait "XX" ou "XXX" sur leurs films, les films "X" étaient donc simplement considérés comme de vulgaires films pornographiques.

 






3- Une nouvelle censure




Le procédé par lequel les films sont classés peut nous paraître connu, mais il reste pourtant beaucoup de zones d'ombre.
En effet, nous n'avons que des informations très floues sur les membres de ce comité de classification: personne ne sait qui sont ces personnes ni comment elles procèdent pour noter les films. 
Ces membres, aussi appelés "raters" sont censés être des parents ayant des enfants de 5 à 17 ans, qui restent au comité durant 7 ans maximum avant d'être remplacés. On sait également qu'ils se réunissent au siège de la MPAA, à Los Angeles (Californie) dans le quartier d'Encino, où ils regardent les films.
Ils sont censés représenter les parents américains "moyens" et savoir ce qu'un parent voudrait ou ne voudrait pas que ses enfants voient. Ce sont des personnes qui sont payées pour voir les films puis les noter, et cela est leur emploi à plein temps. La MPAA essaye faire une généralité des parents, de les réduire à une norme qui en réalité ne peut être établie.
Leur identité est un secret fort bien gardé par la MPAA. La seule personne connue du public est Joan Grave, présidente du comité de classification, qui est également son porte-parole: "their identity is kept secret to protect them from influence" dit-elle.
Leur anonymat serait donc préservé afin de les protéger de toute forme d'influence ou de pression. Il est clairement stipulé dans le contrat des membres de la commission de classification qu'ils ne doivent divulguer aucune information sur la MPAA même après l'avoir quittée. Il semble donc que la MPAA veuille cacher certaines choses.


Il serait mentir que de dire que la mention d'un film n'a aucun impact sur son nombre d'entrées (et donc sa recette).
En effet, aux États-Unis, beaucoup de salles s'interdisent de passer des films NC-17. De plus, si la note d'un film est élevée, sa bande-annonce pourra être difficilement  montrée à la télévision
Nous pouvons également remarquer que c'est le sexe qui dans les films pose le plus de problèmes. En Amérique, la manière dont est filmée une scène d'amour sera beaucoup plus contrôlée qu'une scène de grande violence.
Si la caméra est proche des personnages, qu'elle se "pose" longtemps sur leur visage et leur expression, et donc qu'elle semble partager l'intimité du moment, alors le film sera noté NC-17.
Au contraire, si la caméra est plus éloignée du couple, et que l'on ne peut réellement distinguer leurs expressions, alors le film sera noté R ou PG-13.


Mais ce n'est pas tout: les relations homosexuelles et le plaisir féminin semblent déranger.
En effet, un film mettant en scène un homme se masturbant ne choque absolument pas le comité, alors qu'un film qui montre une femme en train de se masturber sera coté NC-17.






Un réalisateur voyant son film noté NC-17 n'a concrètement aucun moyen de contester cette décision et personne à qui faire appel pour s'en défendre. Les membres du comité de classification étant anonymes, si ce réalisateur essaie de contacter la MPAA, on va simplement lui répondre que ce sont les membres du comité de classification qui ont noté son film, et qu'il n'y a donc qu'eux qui peuvent changer sa cote.
Autant dire que le système est fait pour éviter de dialoguer avec les réalisateurs insatisfaits de la classification de leur film.
Si le réalisateur veut changer la qualification de son film, il devra donc couper les scènes qui lui ont valu sa cote.




Le plus important pour les grosses compagnies de production est la relation avec la population, elles veulent à tout prix éviter le scandale.
Elles en ont fait leur priorité car cela non seulement nuirait à la réputation de la compagnie mais entraînerait également une grosse perte d'argent.
Finalement, les films sont notés afin de rassurer les parents qui sont persuadés qu'un film contenant le moindre juron ou la moindre partie du corps dévoilée aura des répercutions négatives sur la santé mentale de leurs enfants.




Nous pouvons constater qu'après la fusillade de Columbine à Little Town (Colorado), beaucoup de personnes ont tenu pour responsable la violence dans les films et les jeux vidéos de ce massacre, tout cela évidemment sans la moindre preuve.
En réalité, il est impossible d'affirmer quel impact ont les films violents ou à caractère sexuel sur une psychologie.
Certes la violence existe, et parfois les enfants regardent films violents, mais le fait qu'il y ait un lien entre les deux n'a jamais été prouvé.
En effet, les études s'accordent pour dire que l'enfant qui regarde la télévision et des films violents n'est pas plus agressif que celui qui ne la possède pas.
"Dans notre examen nous n'avons pas trouvé plus de comportement agressifs, inadaptés ou délinquants. Le fait de voir de la violence à la télévision ne transforme des enfants bien adaptés en délinquants agressifs. Il faut chez eux une prédisposition pour être affectés de la sorte."  dit même Hildegard Himmelweit, psychologue.
 Ceci étant dit, les médias et les informations que nous percevons forment notre environnement. Nous pouvons donc nous poser de nombreuses questions sur l'influence négative de ceux-ci... Mais devient-on pour autant un tueur sanguinaire après avoir regardé un film de guerre? Devient-on un violeur parce que l'on a vu une scène érotique à l'écran? Devient-on homosexuel après avoir vu un film traitant d'amour homosexuel?


Dans les films une mort sans sang n'est pas choquante, mais elle peut être éloignée de la réalité, donnant l'impression d'une banalisation du meurtre alors qu'une mort sanglante nous met face à une réalité.

Aujourd'hui, la classification est utilisée dans certains cas pour augmenter l'intérêt porté à un film. En effet, le fait qu'un film d'horreur soit classé R ou NC-17 est bien souvent utilisé comme moyen publicitaire car il garantit aux spectateurs un cocktail de sang et de violence dont les fans de l'horreur raffolent. Un film noté NC-17 fait souvent polémique, et attise la curiosité des spectateurs qui souhaitent le voir parce qu'il a cette mention là.

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