Pré-Code

Pour comprendre la mise en place d'un code aussi restrictif que le celui de William Hays, expliquons tout d'abord la période antérieure à ce bouleversement cinématographique.


1. "The Roaring 20's"


La période 1920 correspond en Amérique aux Années Folles: le pays sort victorieux de la 1ère guerre mondiale, son économie prospère grâce aux nombreux crédits que l'Europe lui rembourse. 
Les moeurs se relâchent, Hollywood se débride, et sur le grand écran se miroite l'attitude libérale du pays: Les réalisateurs y projettent sans retenue  sexe, drogue, alcool et violence.


D'ailleurs, les rôles populaires de l'époque sont souvent ceux de gangsters ou d'une prostituées.


 Par exemple, Little Caesar est un des premiers films "de gangsters", et devint très vite l'emblème du genre. Ici Mervyn Le Roy adopte très clairement le point de vue des malfrats, ce qui deviendra impossible dans les années qui suivront. Remarquons toute l'ironie du réalisateur dans la manière dont le meurtre est traité: Un homme meurt devant l'affiche de sa comédie musicale où sont inscrits les mots "riant, chantant, dansant".


  


Dans Coeurs Brûlés (Morocco), Marlène Dietrich  affiche déjà l'attitude nonchalante d'une femme moderne et libérée. C'était sans compter la censure sévère qui bientôt allait sévir...





  
2. Une folie vite contrôlée
 
Mais à cette époque va également naître une auto-régulation mise en place par la production. En effet, c'est à ce moment que le cinéma devient la scène d'esclandres successifs.


 William D.Taylor
Wallace Reid

  • En septembre 1921, le réalisateur et acteur Roscoe Arbuckle* est accusé d'avoir violé et tué l'actrice Virginia Rappe lors d'une fête trop arrosée, alors que la prohibition était encore en place aux États-Unis.
  •  La presse des années 20 est à l'affût des stars, dont la renommée et la visibilité sociale sont source intarissable de copies. Avec l'affaire Roscoe, ce sont toutes les mœurs dépravées du monde cinématographique hollywoodien qui sont remises en cause. Les ligues de vertu et la presse condamnent, avant même son procès, le populaire Fatty. Même s'il fut acquitté, sa réputation resta entachée: il perdit tous ses contrats et ne revint que plusieurs années plus tard, en tant que réalisateur sous le pseudonyme ironique Will.B.Good. 
  •  Le 1er février 1922, le réalisateur William D. Taylor fut retrouvé assassiné. De nombreuses personnalités seront accusées de son meurtre, notamment le directeur de la Paramount* Charles Eyton ou encore l'actrice Mary Miles Minter. Ce meurtre révéla qu'il menait une vie dissolue: on retrouva chez lui des clichés pornographiques, des lettres de nombreuses actrices, des adresses de lieux homosexuels de Los Angeles, ainsi que celles de dealers.
  • Le 18 janvier 1923, l'acteur numéro 1 au Box Office, Wallace Reid, est retrouvé mort dans son appartement de Los Angeles suite à une overdose de morphine.  

Suite à ces scandales, les associations prônant "la bonne parole" virent une bonne occasion de montrer le monde du cinéma comme un temple de débauche malsain pour la société américaine. Les grandes compagnies de studios, craignant une censure de la part de l’État  à cause des soulèvement de ces groupes de femmes au foyer et associations puristes, préfèrent prendre les devants. Ils mettent alors en place en 1921 une liste des actes prohibés au cinéma, "Les treize Points". Liste qui sera complètement ignorée par les réalisateurs.
Hollywood avait donc, selon les studios, besoin d'un homme qui y fasse respecter l'ordre et la discipline. 
Ils choisirent William Hays*, qui sera élu en 1922 Président du Public Relations Comitee (Comité des Relations Publiques). Il tentera, avec son collègue Jason Joe, d'imposer deux nouvelles listes, les "Don'ts" et les "Be Carefuls"qui relatent les sujets à ne pas traiter, ou à traiter avec une extrême précaution. Toute forme de nudité ou de relation sexuelle ou amoureuse entre personnes blanches et noires est interdite . La seconde liste proscrit tout sujet sensible tel que l'usage du drapeau américain, les incendies volontaires, ou l'usage d'armes à feu.


En 1929, le catholique Martin Quigley, rédacteur du Motion Picture Herald, un éminent journal d'affaires, et le père jésuite Daniel A. Lord créent un code, que Hays apprécia immédiatement, et le soumettent aux studios.



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